[Journée d'études] Vivre de/dans la forêt : pratiques, imaginaires et perceptions

Alors que l’INRAE nous invite à inventer les forêts de demain et identifie une « panoplie de services forestiers », nous souhaitons revenir sur les imaginaires collectifs de la forêt, tels qu’ils se sont développés au cours de l’histoire et ont été transmis par la littérature. De nombreuses études ont en effet montré qu’elle est souvent associée à un espace sombre, liminal, un lieu des marges, dangereux, celui des brigands et du merveilleux, voire du diabolique, dans une opposition radicale avec l’ager, les terres cultivées et habitées. Mais il faut souligner que le point de vue privilégié dans nos sources est souvent celui d’une élite – qui a peur de la forêt et de toutes celles et ceux qui s’y cachent, la sillonnent, l’habitent ou y trouvent refuge.

L’originalité de la rencontre résidera dans la confrontation entre ces topoi et images de la forêt avec ce que l’on sait (notamment grâce aux travaux des historien.nes, des archéologues et des ethnologues) des pratiques effectives et usages des espaces boisés. Lors de cette journée d’étude, à dimension exploratoire, on échangera autour des définitions possibles de la forêt comme espace vécu, de son périmètre, de ses caractéristiques intrinsèques, en cherchant aussi à nouer un dialogue entre Occident et sociétés extra-européennes afin d’ouvrir d’autres perspectives. En effet, les travaux d’ethno-écologie tels ceux menés par Philippe Descola en Amazonie ont montré que ce que l’on pense être un lieu sauvage, vierge, est en fait un espace anthropisé : une bonne part de la forêt amazonienne est jardinée.

En réévaluant la vie en forêt et tout ce que cet espace, de par sa biodiversité, offre aux humains, on cherchera à mettre en lumière la part hospitalière, prodigue, accueillante des écosystèmes forestiers d’ici et d’ailleurs. La journée d’étude contribuera ainsi à engager la réflexion en vue du futur axe de recherche transversal du laboratoire PLH sur les environnements naturels, les paysages et les sensibilités.